Quand on voit rouge...
Hier, j’ai partagé sur les réseaux un texte sur l'intuition que je croyais inoffensif. J'ai alors eu la surprise de découvrir deux commentaires critiques, dont un avec lettres majuscules et point d’exclamation. Bien sûr, à propos de quelque chose qui avait été mal interprétée.
Ce n’est pas la première fois que je découvre, éberluée, un commentaire agressif, et ça me fait réfléchir sur "l’état du monde", puisque ce qui se passe sur internet en est le reflet.
Si l’on peut réagir de la sorte à propos d’un sujet aussi inoffensif, je n’ai pas de mal à imaginer la déferlante quand le partage traite d’un sujet sensible ou potentiellement polémique.
Quand on voit rouge au sujet de quelque chose et qu’on ne prend pas le temps d’aller observer cette réaction en soi, lui laisser le temps de faire son chemin et à notre être de se poser… avant de réagir, commenter; Eh bien, nous réagissons de "la même manière" que ces personnes qui perdent leur sang froid sur la route, ou dans les cas extrêmes, celles qui sortent avec une machette pour décapiter quelqu’un qui leur a (pensent-elles) manqué de respect.
Cela part du même endroit: prendre ses pensées et ses émotions pour la réalité, ne pas avoir de recul par rapport à son conditionnement.
Quand j’ai lu ces commentaires, j’ai aussi eu une reaction. Mon sytème nerveux a réagit. J’ai senti l’adrenaline pulser dans mes bras et mes jambes, j’ai observé l’émotion en moi. J’ai senti la colère, et je lui ai laissé fair son chemin. Et puis plus tard, j’ai senti la déception, la lassitude, avec des pensées comme « Les parties de catch ça ne m’intéressent pas », « A quoi bon partager des textes, si c’est pour avoir ce genre de commentaires », et la forte envie d’arrêter de partager sur les réseaux, qu'elles généraient.
Je sais que je n'ai pas le choix de ces réactions en moi au moment où elles arrivent, mais j'ai le choix de ce que j'en fais.
Une amie me disait, après avoir reçu un commentaire violent de quelqu’un dans son groupe FB « je ne comprend pas pourquoi les gens éprouvent le besoin de laisser ce genre de commentaires agressifs? Moi, quand un partage ne résonne pas, je passe mon chemin, simplement. »
Je crois avoir trouvé une partie de la réponse dans ces mots de James Baldwin:
«J'imagine que l'une des raisons pour lesquelles les gens s'accrochent à leur haine avec tant d'obstination est qu'ils sentent qu'une fois la haine disparue, ils seront obligés de faire face à la douleur.»
Nous avons, chaque jour, des milliers de pensées qui nous passent dans la tete chacun. Nous y réagissons en fonction de vieux programmes mis en place dans l’enfance pour la plupart, parfois transmis de génération en génération. Et tant que nous n’en avons pas conscience que nos reactions proviennent de mécanismes à 95% inconscients, nous nous laissons menés par ce conditionnement, aveuglement.
Mon amie est capable de passer son chemin quand un texte la fait réagir, parce qu’elle est présente à elle même, à son monde intérieur. Elle sait que ce qu’elle voit dans ce monde extérieur est essentiellement une projection de son esprit. Elle prend la responsabilité de son experience. Elle fait le travail intérieur.
« Je ne crois pas que nous puissions corriger quoi que se soit dans le monde extérieur que nous n'ayons d'abord corrigé en nous. » disait Etty Hillesum
Oui, beaucoup de personnes disent haut et fort qu’elles veulent un monde de paix, mais ne sont pas prêtes à faire le travail en elles, le seul endroit où la paix dans le monde peut naitre.
Je finis avec ces mots de Etty Hillesum, morte à Auschwitz à 29 ans, après avoir passé ces trois dernières années de vie dans les camps de concentration.
« Notre unique obligation morale, c'est de défricher en nous-même de vastes clairières de paix et de les étendre de proche en proche, jusqu'à ce que cette paix irradie vers les autres. Et plus il y aura de paix dans les êtres, plus il y en aura aussi dans ce monde en ébullition. »
Christel
Photo de Andreas Haslinger
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