- 2 min de lecture

Mon ami invisible

Ce n'est pas en regardant la lumière qu'on devient lumineux, mais en plongeant dans son obscurité. mais ce travail est souvent désagréable, donc impopulaire. ~Carl G. Jung

A douze ans, je me suis passionnée pour l'histoire d'Amytiville, un fait divers très sombre. j'ai vu le film, puis j'ai lu le livre. Je me souviens que je l'apportais même avec moi au petit déjeuner.

J'en serai bien incapable maintenant, mais à l'époque il faut croire que j'aimais me fair peur. J'étais alors intriguée par les phénomènes paranormaux.

Je pense à ce film car dans les quelques souvenirs que j'en ai, la petite fille de la famille à un ami invisible. Je crois que c'est un petit cochon avec les yeux rouges.

Et comme le titre de l'article l'indique, j'ai moi aussi un ami invisible, mais le mien est vraiment invisible.

Il m'a accompagnée pendant des années sans que je m'en aperçoive. Je l'ai appelé Aquoibon.

Il était là quand je commençais certains de mes projets, que j'arrêtais au bout de quelques temps. Il était la aussi quand j'abandonnais un régime après avoir craqué pour une croissant aux amandes. Il était la encore quand je voyais un garçon qui me plaisait bien à l'école, et que je partais dans le sens inverse.

Je me sentais découragée parfois avant même d'essayer.

Selon la définition du Larousse, Le découragement est une perte de courage, d'énergie ; un abattement ; une démoralisation.

Mon coeur n'y était plus.

Pendant toutes ces années, je me sentais impuissante face à ce découragement, quand il apparaissait. Je le redoutais, car je pensais ne pas avoir le choix.

Et puis, en m'éveillant à moi-même, j'ai commencé à prendre conscience de mes pensées. Jusqu'au jour où je l'ai entendu, "A quoi bon?!" Il était là! Cet ami invisible dont je n'avais pas conscience jusqu'alors.

Pour la première fois je l'entendais, en même temps que j'en sentais ses effets.

Je le désigne comme un ami, parce qu'il part d'une bonne intention, celle de me protéger contre des déceptions possibles. Il a appris ce stratagème quand j'étais encore enfant.

Tant qu'il demeurait invisible, je n'en ressentais que les effets, ne voyant pas que j'avais le choix. Dans ces moments là, je croyais être sous le joug de comment je me sentais.

Depuis, j'ai appris que je ne peux pas l'empêcher de s'inviter. Et aussi, que lorsque cette pensée Ah quoi bon est là, même si j'en ai conscience je sens toujours les effets dans mon corps. Je sens la baisse d'énergie.

Seulement en avoir conscience me donne le choix, je vois que c'est "juste une pensée", qui se base sur une histoire au sujet du futur, un futur imaginé comme ils le sont tous. Je peux donc décider de ne pas la cultiver, "laisser tomber l'histoire", et revenir à l'instant présent.

Je peux ainsi continuer d'avancer dans mon projet quelqu'il soit.

Il arrive encore qu'il me prenne par surprise. La pensée est tellement automatique que je ne la vois pas, mais maintenant quand je sens l'énergie descendre, je réalise assez vite qu'il est là:

Aquoibon est de retour!