C'est bon de se sentir perdu parfois.

C'est bon de se sentir perdu parfois.
De rester sous les étoiles, la lune,
l'immensité de l'espace.
De laisser aller toutes les idées
de comment tu « devrais » être.
~Jeff Foster
La carte de la Lune est l'inspiration pour le texte d’aujourd’hui.
La Lune, là, me parle de ces moments où nous nageons dans l'inconnu... où il nous est demandé de flotter au milieu de l’ocean, éclairé uniquement par la lune.
Quand j'étais enfant, je faisais des détours en nageant pour éviter soigneusement les taches sombres dans l’eau. Je ne savais pas bien nager et je devais poser les pieds de temps en temps, aussi je voulais éviter de les poser là ou je ne voyais pas ce qu’il y avait.
Je n’étais pas non plus à l’aise pour nager en pleine mer, même avec une bouée, par crainte de ce qui pourrait y avoir en dessous.
Alors c’est vrai que l’idée de flotter en pleine mer juste guidée par la lune est un peu inquiétante, et en même temps si juste pour illustrer le monde de l'intuition.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, vivre intuitivement ne veut pas forcément dire avoir plus de réponses, mais plutôt apprendre à être à l’aise avec ces questions. Apprendre à aimer ses questions même, comme disait Rainer Maria Rilke.
« Soyez patient en face de tout ce qui n’est pas résolu dans votre cœur. Essayez d’aimer vos questions elles-mêmes. Ne cherchez pas des réponses qui ne peuvent vous être apportées, parce que vous ne saurez pas les vivre. Et il s’agit précisément de tout vivre. Ne vivez, pour l’instant, que vos questions. Peut-être simplement finirez-vous par entrer insensiblement, un jour, dans les réponses. »
Vivre en écoutant son coeur, demande d'accepter de lâcher les rênes, de ne plus faire confiance à ses sens, et à la surface des choses, pour faire confiance à quelque chose de plus profond.
La réalité n’est pas cette chose solide que nous pensons qu’elle est.
Nous ne voyons pas comme notre perception est sous le contrôle de vieux programmes.
Ce que la plupart des gens ignorent à propos de l'oeil, c'est que l’oeil ne voit pas. Le cerveau voit. L'oeil ne fait que transmettre.
Donc ce que nous voyons n'est pas seulement déterminé par ce qui passe par les yeux. Ce que nous voyons est affecté par nos souvenirs, nos sentiments, et par ce que nous avons vu auparavant.
Nous voyons ce que nous croyons.
La projection crée la perception.
Nous ne pouvons donc pas faire totalement confiance à ce que nous croyons voir.
Un peu comme ce moment de la journée que l'on appelle "entre chien et loup", où nous ne pouvons pas différencier le vrai de l’illusion. Ce qui semble être un loup pourrait être un chien, et vice versa.
Il est si facile de projeter nos peurs sur l’inconnu, d’imaginer toutes sortes de choses, sans justement réaliser qu’elles sont imaginées, projetées.
Le mental veut tellement savoir, nous avons tant besoin de certitude que l'inconnu devient plus tolerable en y projetant des événements négatifs qu'en le lassant vierge, ce qu'il est vraiment.
En vivant intuitivement, nous apprenons à accepter de ne pas savoir, et souvent à flotter sur l’océan entre chien et loup, faisant confiance au courant pour nous mener à bon port.
Christel
Photo de Achim Pock
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