Vivre dans ce monde sans être de ce monde.
Vivre dans ce monde sans être de ce monde, c'est tout l’art et la manière de vivre ces deux parts de nous, la bien terrestre et l’autre, immatérielle.
C'est l'invitation à se rappeler des mots de Pierre Teilhard de Chardin, Nous ne sommes pas des êtres humains vivant une expérience spirituelle mais des êtres spirituels vivant une expérience humaine.
Tels des équilibristes, nous vivons en permanence entre deux mondes, un monde bien solide qui nous demande d’agir, de répondre, de poser des actions concrètes, et un autre monde, celui de l’esprit qui nous invite à la pause, au recul, la contemplation, la méditation, la transcendance.
Juste avant d’écrire ces mots je suis allée sur Facebook, où je me suis vue réagir à certains partages, ou commentaires. J’ai été attristée par ce que je voyais parfois comme un manque d’empathie, agacée par le sexisme banalisé, énervé par la propagande, les réponses stéréotypées…
Puis je me suis déconnectée. j’ai écouté tout ce que ça avait agité en moi, qui me donnait envie de réagir.
Et face à cette page blanche sur laquelle j’allais écrire, la question qui est venue est:
Ai-je envie de participer à la foire d’empoigne?
Euh… dit comme ça, pas vraiment.
Pourtant, c’est bien ce que m’évoquent certains échanges agressifs.
Comme nous aurions besoin d’un Coluche pour remettre un peu de distance et une forme de légèreté dans tout ça, l’entendre nous dire « je suis ni pour, ni contre bien au contraire ».
Oui, nous avons grand besoin de détachement, de reprendre un peu de hauteur de temps en temps, revenir à notre nature spirituelle, être dans ce monde sans être de ce monde.
Sortir de la mêlée, aussi pour s’interroger sincèrement sur ce qui nous motive.
Désirons nous vivre dans un monde de la pensée unique? Dans un monde où tout ce que nous lisons est en accord avec nos convictions? Est-ce pour cela que nous avons envie d’agresser ceux qui expriment un avis que nous ne partageons pas?
Peut-être que prendre de l’altitude nous permettrait de voir que l’autre en face, dans le camp adverse, a tout aussi peur que nous. Lui aussi pense que son choix lui permettra de « sauver sa peau ».
Et a-t-on jamais persuadé quelqu’un d’apeuré en lui criant dessus ou en l’insultant?
Sincèrement, je ne crois pas.
Au contraire, il y a de fortes chances que ça l’ai ancré plus fort encore dans ses certitudes.
Alors à quoi bon?
Passer ses nerfs? Décharger notre trop plein d’anxiété ? Trouver un faux coupable, un bouc émissaire? « C’est à cause de gens comme vous que… »
Et enfin, ce qui peut aussi nous aider à prendre du recul, c’est de nous souvenir que nous sommes tous le produit de notre conditionnement. Ce qui veut dire que nés dans une autre famille, un autre milieu social, une autre culture…, nous n’aurions sans doute pas le même point de vue que nous avons aujourd’hui.
Si nous étions nés dans la même famille que cet autre, si nous avions eu le même parcours et donc le même conditionnement que celui que nous jugeons, nous aurions certainement la même opinion que lui.
De nombreuses études en neurosciences ont montré que plus de 95 % de nos activités cognitives (émotions, actions, décisions, comportement) sont générées hors du champ de la conscience. Nos décisions sont prises en nous quelques secondes avant que nous en ayons conscience.
Notre inconscient gère notre présent la plupart du temps. C’est pourquoi nous pouvons laisser notre esprit rêvasser ou penser au futur ou au passé, pendant que l’inconscient gère nos gestes dans le présent.
Quoique vous fassiez, vous êtes toujours conscience, il ne peut en être autrement. La confusion vous pénètre dès que vous croyez être l'acteur, le penseur, mais en réalité vous n'êtes que le témoin pur et simple de vos actions. ~Jean Klein
Christel
Photo de Dimitry Sumar
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