Être trop ou pas assez...

« Je ne supporterais pas que mes gosses soient égoïstes! », j’entends encore mon père nous dire ces mots.
Maintenant, je sais que cela partait d’une bonne intention, seulement, c’est aussi le genre de messages qui nous « sculpte », enfant, d’une manière qui nous limite.
Nous nous retrouvons dans un monde polarisé, sans nuances, où tout est blanc ou noir.
Vous êtes soit égoïste, soit pas.
Au lieu de peut-être voir cela comme un spectre, ou une ligne sur laquelle nous pourrions nous situer entre le trop et le pas assez, dans un égoïsme nocif ou sain.
L'excès nuit en tout.
Il est important d’être égoïste, autant que d’être altruiste.
De même, on entend souvent parler du narcissisme comme d’un défaut, voire d’une tare, pourtant nous avons aussi besoin.
Pour Freud, le narcissisme est au fondement de notre identité. Il évoque la capacité de l’enfant à s’aimer et à pouvoir aimer les autres.
C’est parce que nous avons été reconnus comme quelqu'un de précieux que nous pouvons nous aimer, et reconnaitre notre valeur, nous respecter (narcissisme primaire) et aimer autrui (narcissisme secondaire), selon la psychanalyste, Hélène Vecchiali.
Dans l’excès, cette qualité devient problèmatique, en se transformant en hyper-narcissisme ou hypo-narcissisme.
En opposition au narcissisme, on parle de l'empathie. Là encore, l’excès nuit. Elle peut devenir trop ou pas assez, hyper-empathie ou hypo-empathie.
L'hyper-narcissique est hypo-empathique, et l'hyper-empathique, hypo-narcisisque.
Là, me vient l'image du yin yang, représentant le monde comme le fruit de deux forces à la fois opposées et complémentaires. Il y a toujours un peu de yin dans le yang, et vice et versa.
Tout excès est générateur de désordre. ~Mazouz Hacène
J'imagine que c'est de cette voie du milieu dont parlait Bouddha... L'excès nuit en tout, y compris dans la modération.
Christel
Photo de Lucija Ros
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